Sixième chapitre : ma première relation amoureuse

TW agressions sexuelles et relations toxiques.

Bon, aujourd'hui, je me sens prête à parler plus que jamais de ma première relation amoureuse où il y a eu du sexe, et que j'étais un minimum sexuelle. J'ai eu un amoureux avant, qui était mon premier baiser, mais rien n'était sexuel pour moi à ce moment là, j'étais extrêmement timide.

Spoilers, c'était vraiment shitty. Genre très très dégueu. Et il y a plusieurs éléments introductifs à avoir.

Cela a commencé quand j'étais en troisième, et j'ai eu ma première relation sexuelle avec lui. On est restés un peu plus d'un an ensemble.


Faut savoir que dans mon cas, une relation toxique, cela s'instaure à deux. Je ne dis pas que c'est de la faute de la victime, je dis que l'on accepte des choses que l'on ne devrait pas accepter, et que l'on fait des choses que l'on ne devrait pas faire. Au nom de quoi ? Dans mon cas, d'être aimée. D'être "gardée".

Quand j'étais en fin de collège, je n'étais absolument pas confiante en moi. Genre négatif le level de confiance. J'étais la fille à qui on écrit des fausses lettres d'amour de la part des gars considérés comme les plus moches, et que même ces garçons, considéraient cela comme un affront que j'ai pu penser qu'ils s'intéressaient à moi.
Quand tu reçois une lettre d'amour du "plus moche", et que quand tu prends le courage d'aller lui en parler, il te dit que bien sûr que non c'est faux, parce que t'es bien trop laide, alors que tu as à peine tes règles, et que tu n'acceptes pas le changement de ton corps, bah ... C'est pas le feu.

J'étais très mince. J'avais un corps légèrement musclé par le sport que je pratiquais à ce moment là, j'avais une petite poitrine. (fun fact, je suis toujours persuadée que c'est le cas, alors qu'en fait non, un bonnet C c'est pas petit en fait). "Planche à pain" était mon petit nom gentiment donné par mes camarades.

Disons que comme beaucoup de filles au collège, j'avais 0 confiance en moi, un corps encore assez "enfantin", qui n'a pas fini la puberté quoi, et une méconnaissance complète de mes organes génitaux. Clitho-quoi ?


A ce moment là, aucune idée de ma bisexualité, parce que c'est le contact avec les garçons que l'ont m'interdisait avec mon éducation. Enfin, disons que quand le sexe hétérosexuel est un sujet totalement tabou, que l'on évoque jamais, j'allais pas chercher si j'aimais les femmes, puisque déjà les hommes c'était assez compliqué.

Les corps d'hommes, j'ai mis du temps à les apprécier. Ils me paraissaient inesthétiques. Trop anguleux. Les organes génitaux masculins ne me donnaient absolument pas envie. C'était juste le truc qu'il fallait mettre en moi pour que je me débarrasse de cette putain de virginité qui faisait que l'on m'appelait "sainte ni touche" au collège.

Du coup, dans cette ambiance de grosse confiance en soi, j'ai enfin rencontré un garçon, qui pour la première fois, ou l'une des premières fois, m'a dit que j'étais belle et attirante.

Bah, j'ai foncé du coup. Le premier gars qui me fais me sentir intéressante, j'ai foncé, parce que ... je sais pas trop. Il était vraiment aux antipodes de mon éducation, et je pense que j'aimais bien ça. C'était un gamin paumé, avec des gros soucis de famille.
Tu connais le même d'Ariana Grande où elle regarde amoureusement je ne sais plus qui, où il y a écrit "men who need therapist" ? Bah cela a toujours plus ou moins été cela.

Et qui c'est qui est psy dans un an ? 0 hasard.


En soit, peut être que l'on peut, et c'est même sûr, expliquer son comportement envers moi, mais j'ai pas particulièrement envie, c'était juste dégueu.

J'étais sa chose. Même ses amis le disaient. (TW AGRESSIONS SEXUELLES, NE CONTINUE PAS PLUS BAS SI TU NE VEUX PAS Y ÊTRE CONFRONTE-E)







La première fois que je lui ai fait une fellation, je lui ai demandé de ne pas éjaculer dans ma bouche. Bah qu'est ce qu'il a fait ce con ?

Il s'est vidé les couilles dans ma bouche. C'était délibéré, il savait comment fonctionnait son corps; et qu'il allait enfreindre mon consentement.
C'était ignoble. J'ai jamais aimé le sperme depuis. J'avais aucune idée de comment c'était, je n'avais jamais été en contact direct avec avant. C'était chaud, amer, acide, gluant. Je ressens encore les mouvements de son sexe qui éjacule dans ma bouche quand j'en parle.

Et là, grand prince, il me sort "Avale."

Avaler ? Quoi ? Pardon ? Tu viens de m'éjaculer dans la bouche contre mon consentement, et tu m'ordonnes d'avaler ton sperme dégueu ?

Non non non.


Le sexe avec lui, c'était majoritairement pour lui que je le faisais. Mmh, exclusivement plutôt. Passé la première fois, j'ai jamais réellement eu envie de recommencer. Je le faisais pour lui. Je me forçais à chaque fois. Des fois, il me disait que si je ne le faisais pas, il me quitterait. Bah je le faisais, comme une conne. Je ne sais pas combien de fois cela a duré.

En soit, tout ce qui n'était pas sexuel, où qui s'arrêtait aux "préliminaires", cela ne me gênait pas. Mais quand j'étais vraiment confrontée à une intrusion de son sexe en moi, non cela ne me tentait pas. J'étais à ce moment là sûre que soit, j'étais asexuelle, soit que j'étais attirée par les femmes et pas par les hommes.


Il m'a fait du chantage plusieurs fois. Il me forçait. Il m'a menti à de multiples reprises, pour que je m'inquiète, pour tester à quel point je tenais à lui. A quel point je pouvais m'inquiéter pour lui. Alors que l'on se parlait tous les jours, et que l'on se voyait une fois à deux par semaine, il s'amusait parfois, en sachant que j'étais totalement dépendante, à me donner 0 nouvelles pendant 2,3 jours.
Quand il venait me voir au centre équestre, il me demandait que l'on aille dans les bois à côté pour que l'on puisse faire du sexe. Il a déjà baissé mon pantalon alors que le directeur du centre équestre passait sur le chemin d'a côté, avec un groupe de jeunes à cheval.
J'ai eu honte, parce que le directeur, ne sachant pas que j'étais forcée, pensait que je m'exhibais. Mais non. Non je ne voulais pas. Il est venu m'en parler. Je crois qu'il m'a dit que mon copain ne devait plus venir.
C'était une bonne chose en fait. Mais perso j'ai pas compris, à ce moment là, je pensais que l'on essayait de s'opposer à notre amour. Pff, grosse conne.

Il s'est beaucoup rapproché, amicalement ou pas, je ne sais pas, d'une de mes amies proches de l'époque, ce qui lui a donné une place assez particulière dans notre couple.

J'étais très très jalouse d'elle. Je pense que j'ai dû être méchante avec elle par rapport à ça. J'en suis désolée.

Et bingo, j'ai ressenti ma première attirance pour une femme à ce moment là. Pour elle. La fille qui était de plus en plus proche de mon copain de l'époque. Quand je lui ai avoué, elle m'a rejetée. Et c'est totalement ok, mais c'était pas un "non j'aime pas les filles". C'était un refus du type "non mais t'es folle". Un refus qui m'a remise en place, qui m'a fait remettre sous clé mon attirance pour les femmes.
Et elle en a parlé à ce gars. Qui est venu m'incendier. Parce que je racontais n'importe quoi, que c'était sûr que je ne pouvais pas être attirée par une femme, que ce n'était pas possible. Que cela devait être que j'étais envieuse d'elle. De sa personnalité.

Je l'étais. J'étais admirative de cette fille qui savait s'imposer. Qui ne s'écrasait pas comme moi. Mais j'étais intriguée par elle, et pas amicalement.


Mes parents n'appréciaient absolument pas ce garçon, à un moment de notre relation il n'avait plus le droit de s'approcher de leur maison. C'est pour cela que le sexe a commencé à être presque uniquement en extérieur. C'était encore moins safe qu'avant. C'était humiliant. Je sais que l'on a été surpris à plusieurs reprises. Je sais que dans mon village d'origine on a parlé de moi. Comme d'une pute. On l'a même répété à ce moment là à ma petite soeur, qui était en primaire, qui en a parlé à mes parents. On a juste dit que j'étais une pute. J'étais une meuf dont on abusait, que l'on forçait à faire des choses dont elle n'avait pas envie. Mais t'as raison, fallait dire que Lise, c'était une pute. Pas une victime.

J'ai mis des années à me rendre compte de l'ampleur du problème qu'était cette relation. J'ai mis des années à me rendre compte que ce n'était pas normal. J'ai réalisé en 2018, soit 7 ans après tout ça, que j'avais été agressée sexuellement et violée.

Je ne sais pas s'il m'a trompée, il y avait des rumeurs à ce sujet. En seconde, alors que j'étais encore avec lui, car on a été ensemble de la fin de ma troisième au milieu de l'été entre ma seconde et ma première, les gens qui le connaissait me traitait de "cocue" devant le reste de la classe. J'étais, tu te doutes, très à l'aise du coup.
Je ne leur en veux pas. Ils essayaient de se trouver, de se donner un style de personnes inatteignables, et cela passait par le fait d'écraser les autres à cette époque. Il n'y a rien qui rapprochait mieux les gens à cette époque que le fait de se moquer et de maltraiter d'autres jeunes ensemble, et des fois la victime c'était moi.


Il a pris le numéro de mon meilleur ami de l'époque dans mon téléphone portable pour l'insulter et le menacer, car il était jaloux.


La première fois que j'ai réellement apprécié le sexe, c'était avec mon deuxième copain. La première  fois que j'ai eu un orgasme, c'était avec le troisième, j'avais 16/17 ans. J'ai commencé ma vie sexuelle à 14 ans par du sexe agressif et très majoritairement non consenti, ou consenti par la contrainte.


Mais si j'écris tout cela aujourd'hui, c'est pas pour que l'on me colle l'étiquette de victime, que l'on se dise que c'est horrible ce que j'ai vécu. C'est pour que l'on éduque les jeunes à fixer des limites. Que l'on leur apprenne leur valeur, que l'on les éduque à la sexualité, au consentement. Que l'on leur apprenne à ce que l'on ne se force pas pour quelqu'un. Que l'on apprenne aux gens qu'une personne qui leur manque de respect, on ne reste pas avec, on la vire de sa vie. Que l'on leur apprenne à ne pas se mettre dans des relations toxiques. Que l'on leur explique que l'amour c'est pas un truc pour lequel on doit se sacrifier. Que quand on a mal tout le temps, ce n'est pas de l'amour. Que leur tout viendra, et que si cela ne vient pas ce n'est pas grave, car l'amour qui compte le plus, c'est celui que l'on ressent pour soi même, le reste vient après. Que le sexe, c'est cool, mais qu'être prêt c'est fondamental, et que l'on se fiche d'à quel âge c'est. Que l'on leur apprenne ce qu'est le plaisir féminin, et ce qu'est une vulve, et pas juste un vagin.

J'aurais aimé que l'on m'apprenne cela quand j'étais plus jeune. Je l'ai appris en faisant des erreurs, et j'ai encore du mal avec certains, mais c'est ok.

Passe une bonne journée/ soirée / ce que tu veux, prends soin de toi. :)

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